Individus de l’ère digitale, avec nos écrans multiples ancrés dans notre quotidien, sommes-nous en train de nous éloigner irrémédiablement du plaisir des livres?
Plus rare et donc plus précieux, le livre serait-il en train de prendre le chemin du musée, comme un objet vénéré du passé? A travers des oeuvres “plastiques et littéraires”, les artistes ne manquent pas de nous rappeler la richesse visuelle, tactile et sensorielle du Livre dans toute sa splendeur.
Poésie et délicatesse pour les œuvres de Jim Hodges, qui transcendent avec une sensibilité textile indéniable des objets du quotidien au charme suranné: napperons en papier, fleurs artificielles… et livres.
“Arranged”, oeuvre mi-livre, mi-bouquet, faisait partie de l'exposition récemment consacrée à l'artiste au Dallas Museum of Art.
Plutôt que de mêler à la végétation des moulages de son propre corps, Gilles Barbier a choisi des livres pour matériaux de ces sculptures « Still Memory ».
Comme le dit si à propos le communiqué de la Galerie Vallois :
« LES ARTISTES,
CES SCAPHANDRIERS DE L’INCONSCIENT,
NOUS LEUR CONFIONS PAR PRINCIPE
ET DEPUIS AU MOINS TRENTE MILLE ANS
LA LOURDE RESPONSABILITE DE NOUS RAMENER,
A CHAQUE FOIS QUE CELA EST POSSIBLE,
QUELQUE CHOSE VENANT A PEU PRES DU FOND DE L’EXISTENCE. »
L’oeuvre de Matthew Barney « Ancient Evenings: Ba Libretto » a été inspirée par la nouvelle de Norman Mailer « Ancient Evenings », retraçant la progression de l’âme à travers les 7 états qui la mène à la mort puis à la renaissance, d’après la mythologie égyptienne.
Confusion entre l’objet et sa représentation agrandie à l’extrême, l’œuvre Size de Roy Lichtenstein était exposée au Centre George Pompidou lors de la rétrospective de l’artiste en 2013:
« J’aimais bien quand la forme de l’original était toute petite, parce qu’en l’agrandissant elle paraissait plus brute. Je voulais qu’il y ait une certaine maladresse, et que les couleurs aient l’air le plus simple possible. »
Pour la 55ème Biennale de Venise, c’est l’œuvre « Follow Me », de l’artiste Wang Qing Song, qui a été retenue pour le Pavillon Chinois. A travers des photos aux multiples détails, l’artiste questionne le système éducatif chinois, ultra exigeant et compétitif. Il met en scène des étudiants exténués, croulant sous des montagnes de livres, dans des salles aux murs maculés de messages exaltant l’apprentissage, remis en cause par de grands points d’interrogation.
Toujours à Venise, l’artiste australien Simryn Gill’s utilisait lui aussi le livre comme matière première pour son œuvre « Let Go, Lets Go ». D’étranges abeilles semblaient immortalisées sur douze grands panneaux muraux. En y regardant de plus près, il s’agissait en fait de pages de livres découpées.
Enfin, les sculptures monumentales et poétiques de Wim Botha « Study for Epic Mundane» étaient exposées au Pavillon de l’Afrique du Sud. Encyclopédies et dictionnaires africains, bibles et livres d’écoles formaient d’étranges sculptures aux formes humaines, suspendues dans les airs et semblant habitées de mystérieux pouvoirs. Une œuvre puissante et mystérieuse.
Crédits et Infos:
Jim Hodges - Dallas Museum of Art :
http://www.dallasmuseumofart.org/art/exhibitions/JimHodges
Gilles Barbier - Galerie Vallois :
http://www.galerie-vallois.com/artistes/gilles-barbier.html
Roy Lichtenstein :
http://www.lichtensteinfoundation.org
Matthew Barney :
http://www.drawingrestraint.net
Wang Qing Song :
Simryn Gill :
Wim Botha :